Cours du mardi 6 novembre: lecture de la nouvelle Le credo
I - Compétences de lecture
1– Pour quelles raisons le personnage décide-t-il de
devenir un autre homme ? Comment s’y prend-il pour atteindre son
but ? Justifiez vos réponses à l’aide d’exemples tirés du texte.
Les raisons :
·
goût immodéré pour la publicité qu’il juge « pleine d’humour,
d’invention » (l.2).
·
soudaine prise de conscience que les « pubs » sont
associées à la « notion du plus, de la réussite à tous les niveaux, de la
santé à toute épreuve, de l’hygiène à tout prix, de la force et de la beauté
obtenues en un seul claquement de doigts » (l. 7 à 10).
·
conscience a contrario d’être « un homme fort peu remarquable… comme
tant d’autres, anonyme, insignifiant, impersonnel » (l.11 à 14).
·
souhait que « ça change…pour s’affirmer un autre… » (l.17,
18) « Parvenir au stade suprême : celui d’homme de son temps…de héros
de tous les jours » (l 21).
Pour atteindre son
but :
·
il devient un consommateur acharné : « Il consacra toute son
énergie et tout son argent à atteindre ce but » (l.20).
·
il achète systématiquement tous les produits vantés par la publicité.
·
il intègre les slogans dans une sorte de processus d’auto persuasion
(dépersonnalisation et identification).
2 - Quel est le ton de cette nouvelle ? Justifiez votre réponse en
vous appuyant précisément sur l’écriture du texte (composition et chute, emploi
des pronoms, choix du lexique, utilisation des références publicitaires, etc.).
Le ton de cette nouvelle est humoristique
(ironique) [on peut, éventuellement, accepter comique, moqueur…] :
- nature du texte (un récit), structure et rythme qui inscrivent le personnage dans une logique où il va se laisser prendre (sorte d’ « escalade ») ; plusieurs petits paragraphes s’enchaînent rapidement (présence de connecteurs, de marqueurs temporels « Jusqu’au jour » (l.6), « Or » (l.11), « Jusqu’au jour » (l.15), « Avant de sortir » (l.38) « Il quitta le bureau » (l.47), etc.
- chute du texte, inattendue, surprenante (le personnage rencontre une femme qui pousse encore plus loin que lui l’identification avec le monde des produits publicitaires…) ; le personnage n’arrive pas à ses fins malgré ses efforts et il est ridicule !
- utilisation des pronoms personnels : personnage jamais nommé (désigné par «Il », premier mot du texte), ce qui renforce son anonymat et sa banalité.
- personnage principal ordinaire, qui n’a rien d’un héros : physique quelconque « ni bien séduisant ni tellement laid » (l.12) ; même anonymat et même caractère anodin chez la jeune femme « un peu timide...pas trop farouche » (l.50 et 51).
- banalité des personnages dans leur vie quotidienne qu’on devine sans relief et sans grand intérêt : journée de travail « aux assurances », rencontre classique dans « un pub voisin » (l.47), « petit appartement de célibataire » (l.58), etc.
- énumération systématique (effet d’accumulation) des références publicitaires, marques citées (univers de référence connu de tous, y compris du lecteur), citation in situ des slogans qui sont ainsi détournés dans une visée ironique (ex : « il croqua une bouchée Lion qui le fit rugir de plaisir » (l.39), « Marlboro, la cigarette de l’aventurier toujours sûr de lui » (l.41 et 42) ;. Dans cette perspective, invention amusante de noms de marques fictifs qui sont autant d’onomatopées (« …Pink, Floc, Crash, Zoung, Blom ou Scratch sans doute » (l.52).
- lexique qui dévalorise le personnage et le ridiculise (souvent par antiphrase : « le dégustant avec la mâle assurance du buveur de whisky » (l.48).
- titre de la nouvelle : le « Credo » est une prière dans la religion chrétienne (la publicité, nouvelle religion, avec ses croyants et ses rites…).
3- Quelle conclusion peut-on tirer de cette nouvelle ? Que dénonce
le narrateur? (3 points)
- importance et impact de la publicité (chacun peut se retrouver dans le personnage) qui condition les comportements sociaux, et modèle les esprits ; puissance de la société de consommation, invasion insidieuse et efficace des marques.
- dénonciation de la publicité, de la marchandisation du monde, du règne de nouvelles « valeurs » (la beauté, la réussite, la santé à tout prix, etc.), dans la facilité (« en un seul claquement de doigts »).
- dénonciation de la crédulité et de l’aliénation du consommateur, déshumanisé.
- échec du personnage qui révèle la vanité de ces valeurs.
- visée argumentative très forte de ce récit (sorte de fable morale, de récit apologétique).
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