devoirs pour le vendredi 21 décembre

Analyser ligne à ligne, comme nous l'avons fait pour les textes précédents, le texte 3 extrait de Cannibale distribué mardi dernier: Gocéné et Badimoin dans le métro.

Pour ceux qui étaient absents, je mets le texte en ligne:


Nous étions à peine dehors qu’un nouvel éclair a déchiré le ciel. La ruelle n’offrait aucun abri. Nous nous sommes résolus à courir sous le déluge, sans trop savoir où nous menaient nos pas. Une rue, puis une autre, et une autre encore, jusqu’à retrouver l’avenue qui faisait face à l’Exposition coloniale. La pluie commençait à transpercer le tissu trop mince de nos vêtements. J’ai entrainé Badimoin vers des escaliers qui s’enfonçaient dans le sol. Il s’est arrêté net, ses chaussures en équilibre sur le nez de la première marche. Je me suis retourné.
Viens te mettre à l’abri…
Il a remué la tête, pris de tremblements. Les passants, tête rentrée dans les épaules, le bousculaient en maugréant1.
– Je n’ai pas le droit d’aller sous terre…
Je lui ai tendu la main.
Viens je te dis ! Le froid va te prendre… Tu vas tomber malade.
– Tu te souviens de Nehewoué qui vivait avec les morts qui dorment dans les branches des banians et les morts qui dorment sous la terre ?
Je l’ai tiré par la manche.
– Bien sûr que je m’en souviens. J’ai gratté avec lui le crâne et les ossements de mes oncles… Tu me raconteras un peu plus bas, à l’abri… Allez
Rien n’y a fait. J’ai fini par grimper près de lui. Il a tourné vers moi son visage ruisselant d’eau.
– Il m’a dit qu’il avait vu le jour où les montagnes noires se sont fendues comme une noix de coco sous la pierre. La tempête mugissait plus fort que mille boeufs sauvages, le sol tremblait plus fort encore que mes mains. Des abîmes s’ouvraient sous les pas, appelant leurs victimes. Toute la tribu s’est réfugiée sous une grotte de corail qui surplombait le village et où reposaient les morts, depuis toujours. Nehewoué ne les a pas suivis. Il est resté dans la vallée. Pour lui, seuls les morts pouvaient demander asile aux vivants. Il s’est attaché au poteau central de la grande case. Le cyclone a tout détruit, sauf cette poutre, et l’eau est montée jusqu’à ses épaules. Quand le ciel s’est assagi, les montagnes noires s’étaient déchirées, comme des feuilles de bananier séchées, et leurs fragments énormes avaient comblé la grotte de corail, ensevelissant tous les siens… C’est ce jour-là que Nehewoué est devenu le gardien des morts qui dorment dans les branches de banians et des morts qui dorment sous la terre.
Je l’ai pris par les épaules, pour l’obliger à se retourner vers l’esplanade de Reuilly.
– Où vois-tu les montagnes noires ? Où vois-tu les banians, la grotte de corail ? Et cette petite pousse de vent, tu appelles ça un cyclone ? Viens, on va se reposer, le temps que la pluie cesse de tomber…
Il s’est laissé faire. Je l’ai senti se figer à nouveau quand un vacarme assourdissant est monté des profondeurs. À vrai dire, j’ai moi-même eu un mouvement de recul mais il était impossible de repartir en arrière : nous étions pris dans une foule humide, impatiente d’échapper au déluge. Un couloir voûté, recouvert de céramique blanche menait à une vaste salle violemment éclairée au milieu de laquelle trônait une sorte de petite maison. Les gens venaient y faire la queue avant de descendre d’autres marches. C’est de là que montait le bruit. Nous avons suivi le mouvement. Un homme habillé de bleu, assis sur un strapontin, a tendu la main gauche.
– Ticket, s’il vous plaît…
Ticket ! C’est quoi «ticket» ?
1En protestant, en grognant.

Les segments du texte mis en couleur ou en caractères gras doivent vous alerter particulièrement.

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