Corrigé du contrôle sur Cannibale

Les réponses sont à connaître pour l'entretien à l'épreuve orale du bac:

1. Comment est venue à Didier Daenincks l’idée de raconter l’histoire des Kanak maltraités à l’exposition coloniale de 1931 ?
Didier Daenincks s'intéresse aux points méconnus de l'Histoire. il est un écrivain engagé qui aime mettre en valeur la solidarité, la résistance aux situations d'oppression. Invité en Nouvelle Calédonie par un ami qui travaillait dans une bibliothèque à Nouméa, il est amené à rencontrer des kanaks et à découvrir leur culture transmise essentiellement à l'oral, lui même leur raconte les récits de ses propres nouvelles. Estimant que les kanaks devaient raconter eux-mêmes les histoires les concernant, il décide de raconter dans Cannibale ce qui est arrivé à un groupe d'entre eux en 1931 lorsqu'ils ont été exhibés à l'exposition coloniale à Paris, mettant l'accent sur le traitement raciste qu'ils ont subi. Il inscrit cet épisode dans les luttes pour l'indépendance des années 80, indépendance qui n'est toujours pas acquise aujourd'hui puisque les néo- calédoniens ont choisi en novembre dernier le maintien en France.

2. Comment comprenez-vous le titre du roman Cannibale?
Le titre du roman Cannibale a une valeur ironique car les kanaks ne sont pas du tout des anthropophages, mais lorsqu'ils sont enfermés dans le zoo de Vincennes une pancarte les présente comme tels afin de susciter la curiosité malsaine du public. Ceux qui dévorent de la chair humaine sont plutôt les organisateurs de l'exposition coloniale qui exploitent les ressortissants des colonies pour s'enrichir. Le titre dénonce alors le comportement raciste des colonisateurs et la curiosité malsaine du public pour un exotisme qui relève du fantasme.

3. En quoi consistait l’exposition coloniale de 1931 ?
 https://fr.wikipedia.org/wiki/Exposition_coloniale_internationale
 Inaugurée le 6 mai 1931, l'Exposition coloniale tente de promouvoir une image de la France impériale à l’apogée de sa puissance. Prenant la forme d’un immense spectacle populaire, véritable ville dans la ville, l’exposition s’étend sur plus de 1200 mètres de long et est sillonnée de plus de 10 kilomètres de chemins balisés.
Elle s’inscrit dans la tradition des Expositions universelles du XIXè siècle vouées à promouvoir la puissance des nations européennes. Consacrée exclusivement aux colonies, elle fut présentée du mois de mai au mois de novembre 1931, elle accueillit près de 8 millions de visiteurs pour 33 millions de billets vendus.

“Le tour du monde en un jour”

4. La structure du roman Cannibale est particulière. Expliquez son fonctionnement.
Le roman Cannibale contient deux histoires enchâssées l'une dans l'autre. C'est un roman à tiroir. Il y a le récit cadre qui se passe dans les années 80 en Nouvelle Calédonie: Gocéné et un homme blanc  sont arrêtés à un barrage tenu par deux jeunes kanaks en lutte pour l'indépendance. ils sont hostiles à l'homme blanc obligé de faire demi tour. Gocéné qui a plus de 70 ans décide alors de leur raconter son aventure lors de l'exposition coloniale de 1931 et la façon dont il est devenu ami avec cet homme blanc. Le récit encadré est donc le récit des aventures parisiennes de Gocéné et du groupe de Kanaks exhibé à l'exposition. Dans le roman des italiques signalent parfois le retour au récit cadre et à la situation sur le barrage dans les années 80. On peut aussi considérer que le roman est composé de quatre parties:


1, le barrage : pp. 11-17
Caroz et Gocéné sont arrêtés par deux jeunes kanaks, Kali et Wathiock, qui ont dressé un barrage. Caroz est obligé de faire demi-tour et de laisser Gocéné.
Les deux jeunes kanaks sont étonnés de voir Gocéné avec un Blanc. Gocéné leur explique que Caroz a fait des mois de prison pour avoir pris sa défense.
2, zoo de Vincennes : pp. 18-41
Une centaine de jeunes kanaks ont été désignés par les chefs de village et réunis pour partir en Europe et participer à l’Exposition coloniale.
Au cours du voyage en bateau, trois d’entre eux meurent.
Ils sont enfermés dans un enclos du Bois de Vincennes, sur lequel on a affiché une pancarte : Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie.
Tous les crocodiles sont morts. L’adjoint du haut-commissaire a fait expédier des crocodiles, caïmans et alligators d’un cirque allemand . En échange, une trentaine de Canaques sont prêtés au cirque.
Prétextant une visite de Paris, on les emmène en autobus. Gocéné voit notamment sa petite amie Minoé dans le groupe. Avec le cousin de Minoé, Badimoin, il décide de s’évader pour la retrouver.
Une voiture manque de les écraser : ils se font insulter de « chimpanzés » par le conducteur.
3, Paris : pp. 41-104
Pour échapper à la police, ils entrent dans un restaurant. Ils font croire au serveur qu’ils viennent de Guyane.
A cause de l’orage, ils veulent chercher refuge dans le métro, mais Badimoin a peur du sous-sol, qui est pour lui le royaume des morts.
Le poinçonneur leur réclame un ticket, mais ils n’en ont pas ; il les laisse passer quand même, les avertissant qu’ils risquent d’être contrôlés.
Ils décident de retourner au zoo, pour tendre une embuscade au gardien et l’interroger. Celui-ci leur explique que leurs amis doivent prendre un train pour Francfort cet après-midi. Avant cela, ils doivent être conduits dans un dortoir de de l’Armée du Salut.
Cette fois, Badimoin refuse de prendre le métro : ils doivent y aller à pied.
Ils arrivent trop tard à L’Armée du Salut. Ils se rendent à la gare de l’Est. Ils ratent de peu le train.
Un ouvrier africain, Fofana, les aide à échapper à la police, en les cachant dans son débarras. Il leur explique qu’il a été gazé pendant la première guerre mondiale ; à cause de cale, il tousse.
Ils repartent au zoo en métro, accompagnés par Fofana.
Ils décident de chercher das informations dans le bâtiment du Commissaire général, qui les surprend. Celui-ci parvient, par ruse, à prévenir les gardiens.
Ils sont poursuivis par des policiers, qui tuent Badimoin d’une balle dans le dos.
Un inconnu s’interpose, prend la défense de Gocéné.
Les deux hommes sont embarqués par la police.
L’homme a été condamné à trois mois de prison pour rébellion contre les forces de l’ordre. Gocéné restera enfermé pendant quinze mois à Fresnes.
4, le barrage : pp. 105-108
Gocéné explique aux deux jeunes que Francis Caroz est l’homme qui l’a aidé.
Il y a une quinzaine d’années, il a envoyé une lettre à Gocéné. retraité et veuf, il est venu en vacances et n’est jamais reparti.
Minoé attend Gocéné, qui doit la rejoindre.
Deux hélicoptères arrivent. On entend des tirs. Gocéné fait demi-tour.
5. Que savez-vous sur le personnage principal du roman : Gocéné ?
  Il a 75 ans au début du roman. Il est le personnage principal, celui qui prend des décisions, celui qui agit :il veut retrouver Minoé, il se bat contre les gardiens, il décide de retourner au zoo pour interroger un gardien afin de découvrir la destination du groupe dans lequel se trouve Minoé.
Il est le narrateur : il est le seul dont nous connaissions les pensées. Une seule scène n’est pas racontée de son point de vue : la discussion entre Grimaut et l’administrateur :
« Ah, c’est enfin vous, Grimaut ! Cela fait bien deux heures que je vous ai fait demander… Que se passe-t-il avec les crocodiles ? J’ai fait le tour du parc ce matin, avant de venir au bureau, je n’en ai pas vu un seul dans le marigot…
Grimaut commence à transpirer. Il baisse les yeux.
— On a eu un gros problème dans la nuit, monsieur le haut-commissaire… Personne ne comprend ce qui a bien pu se passer…
— Cessez donc de parler par énigme ! Où sont nos crocodiles ?
— Ils sont tous morts d’un coup… On pense que leur nourriture n’était pas adaptée… Á moins qu’on ait voulu les empoisonner… »

Il est un des rares Kanaks à savoir lire, dans le groupe.
Il est promis à Minoé et a fait serment au père de celle-ci de veiller sur elle.
Il a une personnalité particulièrement résiliente qui au coeur même des difficultés garde son sang froid et son sens des nuances, même sa capacité d'émerveillement.
 
6. Pourquoi Badimoin , l’ami de Gocéné, a-t-il peur d’entrer dans le métro ?
Badimoin est très superstitieux: pour lui ce qui est sous terre correspond au royaume des morts et lui fait peur. Il a du mal à s'adapter à la France et raisonne en fonction des mythes et croyances de sa culture. 
7. Qui est Caroz et quel est son rôle dans l’histoire ?
  C’est un ouvrier qui habite dans la banlieue de Paris qui travaille sur les gazomètres du quartier de la Plaine, un simple citoyen présent par hasard.
Alors qu’il ne connaissait pas Gocéné, il est intervenu pour prendre la défense de celui-ci, au moment où un policier allait le tuer. En tant que citoyen français, il ne supporte pas l'abus de pouvoir de la police qui veut abattre un homme sans défense, ce qui est contraire aux principes de la république.
Quand Gocéné lui demande pourquoi il est intervenu il répond : « Je crois que les questions, on se les pose avant… Dans un moment pareil, ce serait le plus sûr moyen de ne rien faire ». Cette phrase reviendra à la mémoire de Gocéné à la fin du roman quand lui-même ira porter secours aux jeunes kanaks attaqués par la gendarmerie française. Cette phrase suggère que la réflexion sur le comportement à adopter dans certaines circonstances est une question de valeurs mûrement réfléchies liées à l'éducation.
Il est condamné à 3 mois de prison pour rébellion contre les forces de l’ordre dans l’exercice de leur mission.
Une quinzaine d’années avant le début de l’histoire, il a écrit à Gocéné : retraité, veuf, il est venu en vacances en Nouvelle-Calédonie et n’en est jamais reparti.
8. En quoi le roman Cannibale dénonce-t-il le racisme et les rapports de domination coloniale ?
Le roman dénonce le racisme et la domination coloniale en montrant comme le gouvernement français a traité le groupe de kanaks soit disant invité à l'exposition coloniale de 1931 : ils ont été trompés, obligés de s'exhiber en public et de faire des choses qui ne correspondent absolument pas à leur culture, ils ont été traités de cannibales, séparés et vendus à un cirque allemand sans considération pour leur humanité. Certains personnages secondaires du roman sont ouvertement racistes : un chauffeur traite Badimoin de" chimpanzé". La chanson mascotte de l'exposition était "nénufar", une chanson qui se moque d'un petit "negro". Mais Didier Daenincks nous montre de façon subtile que le racisme n'est pas seulement le fait des blancs: les deux jeunes kanaks qui refusent à Caroz le passage du barrage  ont eux aussi un comportement raciste et il faudra tout le récit de Gocéné pour qu'ils prennent conscience de leur jugement hâtif. il ne faut pas mettre les gens dans un même sac et au contraire lutter contre les préjugés.

9. En quoi ce roman célèbre-t-il l’amitié et la transmission entre les plus âgés et les plus jeunes ?
L'amitié est une valeur à laquelle tient le romancier: dans le roman elle est importante. Lorsque Gocéné part à la recherche de Minoé, il est accompagné de Badimoin son meilleur ami qui perdra la vie dans cette quête. Dans le métro il vont rencontré un ancien tirailleur sénagalais resté en France après la guerre de 14 et qui leur viendra en aide par solidarité de couleur de peau.Gocéné et Caroz, bien que de culture différente, vont devenir les meilleurs amis du monde car ils partagent les mêmes valeurs de solidarité, de respect des personnes et des droits de l'homme.
C'est aussi l'amitié qui impose un devoir de transmission: Gocéné a 75 ans lorsqu’il décide de raconter son histoire à des plus jeunes pour que l'humiliation des kanaks de 1931 nourrissent la lutte indépendantiste de la jeune génération mais aussi pour faire connaître le sens des nuances: tous les Blancs ne sont pas des racistes, certains partagent les valeurs de respects et de liberté comme Caroz. Les jeunes écoutent celui qu'ils appellent "grand-père" avec respect et changent d'attitude à l'égard de Caroz. le lecteur qui découvre cette histoire racontée par Gocéné, le narrateur,  peut s'identifieer aux jeunes kanaks car eux aussi reçoivent cette leçon de tolérance et d'amitié entre gens de cultures différentes.
10. En quoi la fin du roman est-elle particulièrement intéressante ?
La fin du roman est intéressante d'abord parce qu'elles apporte un certain nombre de réponses aux questions que le lecteur se pose durant le roman: Gocéné a bien retrouvé Minoé après l'aventure malheureuse en France puisqu'elle l'attend à Tendo.  Caroz et Gocéné ont gardé des liens malgré leur séjour en prison puisque Caroz est venu rejoindre Gocéné à la retraire en Nouvelle Calédonie et s'y est installé. Le dénouement est aussi intéressant car la fin ouverte est fondée sur un coup de théâtre: alors que Gocéné partait tranquillement rejoindre Minoé, il est interrompu dans sa marche par des coups de feu venant d'hélicoptères de la gendarmerie française qui lui font rebrousser chemin sans réfléchir pour aller soutenir les jeunes kanaks attaqués. Du coup le lecteur ne sait pas si le roman finit tragiquement ou non. En tous les cas Gocéné se comporte comme un héros.

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