Expliquez le titre de la pièce Les Justes
Comment
parler du titre de la pièce Les Justes à l’examen ?
Le premier
titre donné par Camus à la pièce a été La Corde. La dernière réplique de Dora est:«Yanek ! Une nuit
froide, et la même corde ! Tout sera plus facile maintenant.»
Le titre a
ensuite été corrigé (le mot «corde» porte malheur, au théâtre) : Les Innocents, avant de devenir le titre
définitif Les Justes.
LA
JUSTIFICATION.
Les mots
"justice" et "injustice" sont employés vingt-cinq fois par
les personnages. Le Petit
Larousse (édition
2000) définit un juste comme suit : «quelqu’un qui se conforme à l’équité, en
respectant les règles de la morale ou de la religion.» Pourtant dans les Justes, les révolutionnaires
(l’Organisation) qui tuent le grand-duc, sont considérés par Albert Camus comme
«justes» plutôt que des sanguinaires destructeurs. En partie parce que pour eux
la fin ne justifie pas les moyens : ils sont d’accord pour épargner les
enfants du Grand-Duc, contrairement à Stépan.
On peut résumer l’ambiguïté fondamentale par
la question suivante: les justes sont-ils justes dans le cas du meurtre du grand-duc
? Et plus précisément : quelles conditions leur permettent-elles de tuer le
grand-duc et jusqu’à quel point peuvent-ils tuer ? Les mobiles des actions des
justes sont purs : ils sont prêts à exécuter un acte injuste pour mettre fin à
l’injustice et de cette façon créer la justice parce que s’ils ne le font pas,
leurs frères continueront à souffrir. Une vie est payée par une vie. En donnant
sa vie, Kaliayev reconnaît que son engagement à la justice sociale est
obligatoire pour lui et peut trouver la voie dans son salut, faisant de lui un
être humain juste. Le fait que Kaliayev expie le meurtre du grand-duc en
donnant sa propre vie montre le respect qu’ont les justes pour la sainteté de
la vie. Stepan est le seul membre du groupe qui se sent à l’aise dans le
meurtre. Les autres membres donnent la priorité au sens de l’honneur. Ils ont
de la compassion pour les innocents, les victimes de l’injustice. Ils veulent
restaurer l’intégrité de la justice. Donc, ils refusent d’atteindre l eur
objectif par n’importe quels moyens.
Citations
utiles pour parler du titre de la pièce.
STEPAN: Je
suis venu pour tuer un homme, non pour l'aimer ni pour saluer sa difference.
KALIAYEV,
violemment. Tu ne le tueras pas seul ni au nom de rien. Tu le tueras avec nous
et au nom du peuple russe. Voilà ta justification. (acte I)
KALIAYEV:
Depuis un an, je ne pense à rien d'autre. C'est pour ce moment que j'ai vécu
jusqu'ici. Et je sais maintenant que je voudrais périr sur place, à coté du
grand-duc. Perdre mon sang jusqu'à la dernière goutte, ou bien brûler d'un
seul coup, dans la flamme de l'explosion, et ne rien laisser derrière moi.
Comprends-tu pourquoi j'ai demande à lancer la bombe ? Mourir pour l'idée,
c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée. C'est la justification. (acte I)
DORA, d'une
voix changée, égarée: Ne pleurez pas. Non, non, ne pleurez pas ! Vous voyez
bien que c'est le jour de la justification. Quelque chose s'élève à cette
heure qui est notre témoignage à nous autres révoltés : Yanek n'est plus un
meurtrier. Un bruit terrible ! Il a suffi d'un bruit terrible et le voilà
retourné à la joie de l'enfance. Vous souvenez-vous de son rire ? Il riait
sans raison parfois. Comme il était jeune ! Il doit rire maintenant. Il doit
rire, la face contre la terre ! (acte V)
DORA: Oui,
mais réponds-moi, je t'en supplie, réponds-moi. M'aimes-tu dans la solitude,
avec tendresse, avec égoisme ? M'aimerais-tu si j'étais injuste ?
KALIAYEV: Si
tu étais injuste, et que je puisse t'aimer, ce n'est pas toi que j'aimerais.
(acte III)
DORA, égarée: Tout à l'heure ? Oui, j'oubliais... (Elle rit comme si elle pleurait.) Non, c'est très bien, mon chéri. Ne
sois pas fâché, je n'étais pas raisonnable. C'est la fatigue. Moi non plus, je
n'aurais pas pu le dire. Je t'aime du même amour un peu fixe, dans la justice
et les prisons. L'été, Yanek, tu te souviens ? Mais non, c'est l'éternel hiver.
Nous ne sommes pas de ce monde, nous sommes des justes. Il y a une chaleur qui
n'est pas pour nous. (Se détournant.) Ah ! pitié pour les justes ! (acte III)
KALIAYEV: Stépan, j'ai honte de moi et pourtant je ne te laisserai pas continuer.
J'ai accepte de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis,
je vois s'annoncer un despotisme qui, s'il s'installe jamais, fera de moi un
assassin alors que j'essaie d'être un justicier.
STEPAN: Qu'importe que tu ne sois pas un justicier, si justice est faite,
même par des assassins. Toi et moi, ne sommes rien. (acte II)
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