Corrigé du DM sur poésie et objets du quotidiens: questions sur le corpus

Je vous propose la réponse très approfondie de Mégane que j'ai un peu modifiée quand l'idée n'était pas tout à fait exacte.

" Le corpus proposé à notre réflexion comprend quatre poèmes réalisés par Pierre de RONSARD, poète de la Pléiade dans “ La salade “ en 1578, Arthur RIMBAUD grand auteur du mouvement symboliste dans “ Le buffet “ en 1870, Valery LARBAUD dans “ L’ancienne gare de Cahors “ en 1913, et Francis PONGE “ Le cageot “, 1942. Ces quatre poèmes sont issus de différentes époques et mouvements, l’humanisme pour le XVIème siècle, le symbolisme pour la fin du XIXème siècle et la poésie du XXème siècle qui relève de la modernité avec comme sujet le monde urbain et la volonté d'écrire de la poésie en prose. Ces auteurs ont tous un point en commun : l’éloge d’un élément du quotidien. Comment ces auteurs font-ils l’éloge d’un élément du quotidien ? Notre réflexion nous conduira tout d’abord aux regards posés par les poètes sur les éléments du quotidien puis ensuite selon moi, le poème parvenant le mieux à embellir le banal.

    Nous allons tout d’abord analyser les regardes  des poètes posés sur les éléments du quotidien dans ces quatre textes.
Dès le premier vers du poème “ La salade “ de Pierre de RONSARD, “ Lave ta main, qu’elle soit belle et nette “ nous montre que la salade est sacrée, et que les mains doivent être belles et lavées pour pouvoir la toucher, une assonance est construite en [ elle ] et [ ette ] vers 1 à 2, “ qu’elle soit belle et nette, Réveille-toi, apporte une serviette “, les sons sont insistants, le poème est également construit en rimes plates et accentue l’insistance. Il y a divers noms de salades énoncés : “ la boursette “ vers 13, “ la pimprenelle “ vers 15 et “ la responsette “ vers 18, cela est aussi une référence à la culture humaniste de l’auteur, la nature, le légume qui est saint, célèbre la bonne santé. Elle est bonne pour la santé, “ et pour la rate, et pour le mal de flanc “ vers 16, elle guérit les douleurs. La salade se trouvent sur plusieurs emplacement, “ en cent lieux rejetées, Sur une rive, et dessus un fossée, Dessus un champs “ vers 6 à 8, c’est un hommage à la nature, sanctifiée. Elle est comparée à un auteur latin, Ovide, auteur de L’Art d’aimer “ en lisant l’ingénieux Ovide, en ces beaux vers où d’amour il est guide, “ vers 21 - 22, Amadis Jamyn, ami de RONSARD est également cité dans le poème, poète exprimant des poèmes d’amour, “ Tu t’en iras Jamyn “ vers 12, cela rend le poème très élogieux puisqu'il célèbre à la fois nature et la poésie.
 Le poème de Arthur RIMBAUD “ Le buffet “ est un sonnet constitué de rimes croisées, il y a deux champs lexicaux,l' un de l’ancienneté : “ très vieux [...] air si bon des vieilles gens “ vers 2, “ de vin vieux “ vers 4, la paronomase “ de vieilles vieilleries “ vers 5 et “ vieux temps “ vers 12, l’auteur insiste sur l’ancien, cela démontre que le buffet est ancien et a vécu pendant différentes époques. Le deuxième champs lexical est celui du sombre : “ chêne sombre “ vers 1, “ verse dans son ombre “ vers 3, “ grande portes noires “ vers 14, cela renvoie à l’ancienneté du buffet. Dans le premier vers “ C’est un large buffet sculpté “ désigne qu’il est comme une statue, il a une valeur importante. Le buffet garde tous les souvenirs, c’est un objet familial “ c’est un fouillis de vieilles vieilleries “ vers 5, “ de chiffons De femme ou d’enfants “ vers 7 “, “ des fichus de grand’mère “ vers 8, cela montre qu’il garde tout, c’est un élément mémorial, “ tu sais bien des histoires “ vers 12. La paronomase ainsi que la personnification “ conter tes comptes “ vers 13 rendent vivant le buffet, immortel et plein des souvenirs gravés à jamais. Cette fois encore le poème fait l'éloge d'un simple meuble.
 Le poème “ L’ancienne gare de Cahors “ de Valery LARBAUD décrit la gare de Cahors comme un lieu fantastique, un lieu qui regroupait différentes ethnies, le monde entier “ Voyageuse ! ô cosmopolite “ vers 1, montre un mixte d’origine, elle rejoint l’autre poème, elle est un recueil de souvenirs, “ Ô gare qui as vus tant d’adieux, Tant de départs et tant de retours “ vers 13, c’est également un élément mémorial, elle a vécu beaucoup d’émotions. L’auteur accentue beaucoup le fait que cette gare n’est plus utilisée, la gradation ascendante vers 2 “ Désaffectée, rangée, retirée des affaires” le désigne correctement, mais cela n'empêche pas qu’elle soit si fantastique, l’oxymore “ vieille et rose “ montre bien cela, d’une part elle est ancienne qui est plutôt référencé à la couleur noire, grise alors que le rose signifie l’amour, quelque chose de moderne, éclatante. Même si la gare est très célébrée, le fait qu’elle est ancienne est démontré à plusieurs reprises dans le poème, “ un peu en retrait de la voie “ vers 3, “ ton quai vide “ vers 6, la personnification “ ce quai qu’autrefois balayait La robe d’air tourbillonnant “ vers 7, “ ton quai silencieux “ vers 9, “ portes toujours fermées de tes salles d’attente “ vers 10, “ désormais tu reposes “ vers 17, la personnification “ l’ébranlement des trains ne te caresse plus “ vers 23 et “ te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin tranquille “ tout cela qualifie l’abandon de cette gare. Il y a un champ lexical de la lumière “ au soleil “ vers 6, “ la chaleur de l’été “ vers 11, “ éblouissante “ vers 16 “ portant la brise ou le soleil “ vers 18, “ l’éclair froid “ vers 19, cela envoie à la paix, au calme, à la sérénité de la gare il est notamment ajouter “ ô double porte ouverte sur l’immensité charmante De la Terre, où quelque part doit se trouver la joie de Dieu “ vers 14-15, signifie que Dieu est fier de cette gare, ce qui montre à quel point elle est extraordinaire.
Le dernier poème de Francis PONGE, “ Le cageot “ est un poème en prose, ici le cageot est identiquement annoncé comme il est vu par la population, à travers ses mots poétiques, l’auteur va enchanter l’objet, la paronomase de la première ligne “ la cage au cachot de la langue française a cageot “ joue sur les sonorités, et est une référence au dictionnaire français. L’auteur rajoute “ simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruit qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie “ ligne 3, un peu moqueur, il définit comment est vu cette objet. L’hyperbole “ font à coup sûr une maladie “ accentue le côté moqueur et le côté assez “ sale “ du cageot vu par les personnes. Il est démontré plusieurs fois que le cageot est fragile, “agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort “, “ il ne sert pas deux fois “ ligne 4, “ Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme “ ligne 5, avec la métaphore “ denrées fondantes ou nuageuses “ rend la phrase plus poétique, et d’une autre part, montre que le cageot transporte aussi des produits devenant également vite avariés. Ponge déclare l’absurdité de se débarrasser d’un objet “ Tout neuf encore “ ligne 8 , il continue avec la personnification “ légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie “ ligne 8, le cageot est rendu vivant, il est abasourdi d’être considéré comme une poubelle ! Mais cet objet “ est en somme des plus sympathiques “ ligne 9, valorise le cageot. L’auteur finira le poème sur un jeu de mot, “ sur le sort duquel il convient toutefois de ne pa s’appesantir longuement “ ligne 10, qui signifie, devenir pesant, peser tout son poid sur quelque chose, et donc, certainement pas le cageot.Une fois encore le poète parvient à donner une dignité à un objet assez méprisé et à rendre émouvante sa destinée.

    Nous allons ensuite analyser quel poème de ce corpus parvient-t-il le mieux, selon moi à embellir le banal.
Selon moi, le poème parvenant le mieux à embellir le banal est celui de Arthur RIMBAUD, “ Le buffet “, qui enferme tout un côté d’amour, familial et mémorial. D’une part, le “ buffet sculpté “ vers 1, renvoie une grande importance au buffet, comme une oeuvre d’art. Il est précisé plusieurs fois que le buffet est vieux, mais il est toujours utilisé, “ Très vieux “ vers 2, “ ô buffet du vieux temps “ vers 12, “ tu sais bien des histoires “ vers 12, il renferme un passé comme un futur également, “ tu voudrais conter tes histoires “ vers 13, le buffet le conte déjà avec les odeurs et objets qu’il contient à l’intérieur. Il y’a “ des parfums engageant “ vers 4, il rappel des souvenirs, “ de chiffons De femmes ou d’enfants “ vers 6 - 7, “ de fichus de grand’mère “ vers 8, prouve encore qu’une histoire familiale y est encrée. Cet objet est réellement rendu vivant dans ce poème et devient presque symbolique, d’une valeur inestimable. Le buffet et le cageot sont les objets les plus insolites pour en faire une poésie, quant à la gare et à la salade. Le poème “ Le cageot “ de Francis PONGE, célèbre le cageot, de part avec l’utilisation de mots poétiques : “ À mi-chemin de la cage au cachot la langue français à cageot “ ligne 1, “ simple caissette à claire-voie vouée “ ligne 2, “ Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort “ ligne 4, “ Ainsi dure-t-il moins “ ligne 5, “ il luit alors l’éclat sans vanité du bois blanc “ ligne 7, “ et légèrement ahuri [...] à la voirie “ ligne 8, “ cet objet est en somme des plus sympathiques “ ligne 9, tout cela permet la célébration du cageot, mais par ses termes moqueurs, le cageot ne reste pas moins fragile ne tenant qu’une journée, “ il puisse être brisé sans effort “ ligne 4, “ tout neuf encore, [...] à la voirie “ ligne 9, “ sur le sort duquel [...] s’appesantir longuement “ ligne 10, contrairement au buffet, qui lui, renferme toute une histoire héréditaire depuis bien longtemps, rendu dans chaque mots, merveilleux. Dans “ L’ancienne gare de Cahors “ de Valery LARBAUD, c’est une gare précise qui est sublimée. Mais cette gare, n’a pas été connu par tout le monde, le buffet lui, est détenu par une majorité de la population, et concerne donc plus de personne, qui ont donc la possibilité de s’y approprier. De plus elle est en fin de vie, alors que le buffet est rendu vivant, : abandonnée “ Désaffectée, rangée, retirée des affaires “ vers 2, “ ton quai vide “ vers 6, “ ton quai silencieux “ vers 9, “ Ô gare qui as vu “ vers 12, “ des doigts légers du vent [...] est ton seul visiteur “ vers 20 - 22, “ l’ébranlement des trains ne te caresse plus, Et te laissent [...] enfin tranquille “ vers 24 - 26, elle peut paraître oubliée pour la plupart, mais elle n’en reste pas moins magnifique, fabuleuse “ où quelque part doit se trouver la joie de Dieu “ vers 15, “ tu étends au soleil des collines “ vers 6, elle rapporte la lumière. Le poème de Pierre de RONSARD “ La salade “ reste quelque chose de sacrée, “ lave ta main, qu’elle soit belle et nette “ vers 1, insiste sur le fait que pour la toucher nos mains doivent être impeccables. Dans ce poème, les sons sont très travaillés “ qu’elle soit belle et nette, Réveille-toi, apporte une serviette “ vers 2, “ la boursette [...] la pâquerette [...] la pimprenelle [...] la responsette “ vers 13 - 15. Le poème contient plusieurs relevé poétique “ Une salade amassons “ vers 3, “ et faisons Part à nos ans “ vers 4, “ De ça, de là, en cent lieux rejetée “ vers 6, “ Dessus un champ en paresse laissé “ vers 8, mais ce poème est surtout très poétique avec la citation de grands artistes : Jaymin, grand poète du XVI siècle, spécialisé dans les poèmes d’amour, et Olvide auteur de L’Art d’aimer, tous les deux référencé à l’amour, mais à l’opposé le buffet n’a pas besoin de relevé anciens, pour être merveilleux. La salade est célébré, le buffet également, mais il est surtout devenu vivant et indispensable.

    Pour conclure, par des procédés d’écriture poétiques, ces auteurs ont réussi à rendre “ le banal “ très majestueux. Pourtant ce sont les choses les plus banales qui sont les plus utiles, où l’intention n’y ai plus prêté par habitudes. La salade, la gare, le buffet et le cageot sont très utilisés dans la vie de tous les jours. Comme le cite Emmanuel Kant, auteur philosophe, dans Critique du Jugement ( ouvrage philosophique, où l’auteur examine la faculté de jugement, la manière dont les personnes juge une oeuvre, cela mène à une réflexion inédite sur la nature de la “ beauté / du beau “ ), “ L’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose “, cette citation est totalement complémentaire aux quatre poèmes étudiés. Ces auteurs ne sont pas les seuls à sublimer le banal, Annie Ernaux, auteur contemporaine du XXI siècle, dans Regarde les lumières mon amour, va porter un regard sociologique sur les personnes, elle transforme l’hypermarché en quelque chose de littéraire, pour elle, faire ses courses ne devrait pas être une corvée, le supermarché est un lieu de rencontre, de mixité sociale. Dans toutes les époques, les auteurs ont embelli le banal, il en va de même du laid, de l'horrible jusqu’à un cadavre, ce qui est terrible. Charles BAUDELAIRE, dans “ Une Charogne “, décrit la réalité d'un corps pourrissant, qui reste bien sûr effrayante, mais par sa manière de s’exprimer, le poème transforme la mort en beauté. Cela prouve que tout peut faire une poésie."

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